La gueule de l’enfer s’ouvre d’impatience ;
Machiavel tremble : tremble, homme de la défiance !
La tentation nous vainc, nous, manipulateurs
De l’occasion manquée ! nous, tentés tentateurs,
Nation mortelle, griffe acérée, race impure !
Nous, prédateurs manqués de la gloire future !
Nous, profiteurs vaincus de l’utile amitié !
Satan est notre Roi qui n’a pas de pitié,
Notre Juge infini s’est nommé Dieu le Père ;
Supportons-nous encor leur volonté ? La pierre
Est notre cœur, l’Enfer sera notre avenir.
Nous détestons Satan ; comment ne pas haïr
Ce sergent qui prétend aux puissances suprêmes ?
Nous détestons Jésus ; tous nos visages blêmes
Frémissent de penser à tous ces jugements.
Las ! mort à la faiblesse et mort aux sacrements !
J’ai peur. Esprits, démons, c’est tout ce que vous êtes !
Esprits, démons, j’ai peur mais je crains pour vos têtes !
Vous ne méritez pas mon corps, ne valez rien !
Oh ! peut-être savez-vous ce que sont Mal et Bien ;
Quel esprit ! Quels esprits êtes-vous pour prétendre
Nous dominer ? Aucun de vous ne peut me fendre !
J’ai peur ; je me révolte, et je n’ai pas de peur
En moi. Je souffre ; j’ai détruit cette Douleur !
Vous ne me prendrez pas, Seigneur ! Je ne regrette
Pas. C’est l’Enfer ; j’ai mal, mais mon âme y est prête.
Cachée par les craintifs rugit l’ombre enflammée,
Par tant de cœurs faiblards la Mort est tant blâmée !
Et j’y entre ; de grâce, arrêtez-moi ! Je ris !
Je ris ! Je me réjouis ! Autant de cœurs meurtris !
Tueur d’âmes ? c’est moi. C’est moi, plus fort que triste,
Moi, moi seul, moi tout seul, moi l’utilitariste.
Je fuis le royaume et suis enfin chez moi !
Je suis le roi des Morts !
Sortez-moi donc de là !