Regardez, regardez cette mère attentive
Donnant son sein crémeux et sa bonté craintive ;
Regardez, regardez ce tendre nourrisson
Qui tète l’avenir au creux d’une chanson ;
Regardez, regardez cette tête mignonne
Péniblement marcher entre Maman et Bonne ;
Regardez, regardez ce sublime garçon
Jouer avec son frérot, apprendre sa leçon ;
Regardez, regardez l’adolescent imberbe
Se rebeller, déjà, du haut de sa superbe ;
Regardez, regardez le jeune homme imprudent
Éveiller son amour pour un cœur tout ardent ;
Regardez, regardez ces mariés s’ébattre
Pour la première fois, dans le lit devant l’âtre ;
Regardez, regardez ce couple à peine allié
Découvrir la discorde et se réconcilier ;
Regardez, regardez la joie toute nouvelle
Du tout premier enfant que la femme révèle ;
Regardez, regardez ces parents admirer
Leur huitième merveille et en presque pleurer ;
Regardez, regardez ces dix années bénies
Offrir à cet amour une famille unie ;
Regardez, regardez l’érosion des ans,
Impuissante à briser ces échanges plaisants ;
Regardez, regardez l’un se fiancer, et l’autre,
Puis le plus jeune aller dire son patenôtre ;
Regardez, regardez cet hymen honoré
De voir son benjamin rompre le pain doré ;
Regardez, regardez cet homme à la retraite
Et cette femme âgée que seul le Temps arrête ;
Regardez, regardez ces noces de diamants
Briller de leur éclat dans le cœur des amants ;
Regardez, regardez cette douce espérance,
Quand les époux enfin retrouvent la jouvence,
L’éternelle jouvence, ô bonheur de l’Amour,
Qui seul peut tout, qui seul peut bénir chaque jour.