Pesant parfois des maux d’un cœur fier et blessé,
Il résonne souvent dans la maison de l’âme
Quelque dit délicat d’un vivant délaissé,
Qui du bois de la Croix répandit cette flamme

Douce et belle et puissante et ample, d’un amour
Qui dit à l’homme tant de son trop-plein de grâce,
Ce surplus qui déborde à jamais du grand jour
Dont la lance épandit quelque sanglante trace.

Face à ce Dieu qui pris sur lui mon noir péché,
Devant Jésus, je viens ; me taisant, je lui parle ;
Sans un bruit, je dis tout de mon cœur desséché,
Comme le chuchotis d’une sorte de harle

Viens perturber le cours de ma tranquillité.
Certes, il est puissant, ce vieux vautour étrange
Qui susurre à l’envi son indocilité ;
M’enjoint-il de partir que je sens un bel ange –

Serait-ce saint Michel et son glaive de feu ? –
M’apaiser longuement et pourchasser le fourbe.
Reste un peu plus, Jésus te parle, oh ! reste un peu !
La paix vient m’envahir et mon entier se courbe

Devant tant de puissance et de félicité !
Mais voilà qu’un sommeil voudrait bien me séduire,
Un somme qui m’attaque avec ténacité ;
Ma lourde tête lutte et je bâille… Pour nuire,

Le vilain charognard use de mauvais plans ;
Je dois me ressaisir et laisser Jésus faire !
Et lui vient me porter vers de plus beaux élans,
De nobles idéaux d’où nul ne vocifère,

Et je me sens heureux, plein de joie et d’amour,
Mais voilà qu’un oiseau me soupire à l’oreille :
Je pourrais rester là pour prier tout le jour,
Qu’en ces émois divins nulle heure n’est pareille ;

Il murmure l’odeur d’un refrain innocent
Mais il semblerait bien que l’ouvrage m’attende,
Il déclare le bruit d’un mensonge à l’accent
De bienfait généreux que rien ne réprimande.

Mais, une fois de plus, Dieu chasse le Démon,
Je m’aperçois qu’il faut repartir à la tâche ;
Je me signe et m’en vais… Je remets le timon
De ma vie à Jésus qui m’aime sans relâche.