Le peuple, las des maux du monde politique,
Bridé par le carcan d’un sérail corrompu,
Cette masse puissante à la verve pudique,
Désire le malheur pour ce gotha repu.
Quand la faim le tenaille, ou la gêne le brise,
Le Français colérique arme son froid malheur
D’un sain emportement pour oublier la crise.
Il veut son gagne-pain qui n’a pas de valeur,
Si ce n’est celle-là que l’homme et sa sagesse
Ont nommée avec foi la grande dignité ;
Il ne veut plus du plat qu’on lui tend par paresse,
Du soin que quelque État lui fait par vanité.
Ce qu’il veut, notre bougre et son gagne-misère,
Ce qu’il réclame trop mais que nul ne lui rend,
C’est bien la vérité que la mort éviscère
Par le sauvage jeu d’un terrible souffrant.
Craignez, puissants, craignez la colère qui gronde,
Redoutez le torrent du peuple qui rugit,
Sa furie abolit les interdits du monde ;
Ce n’est pas de slogans cette fois qu’il s’agit !
Le sang qui va couler, sournois, indélébile,
Restera sur vos mains que l’impiété salit,
Vous serez écrasés par la rue et la ville,
Car le souillé de l’or prépare votre lit.
La chambre funéraire où sa rage vous place
Seront les pieds des fous qui pleuvent sur un mort,
Votre infâme dépouille ira pourrir sur place,
Dans la rue où sévit la dureté du sort.
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