
De mon cœur je ne sais quel sentiment le glace :
Je ne sais s’il s’agit de joie ou de malheur,
Mais ce fiel maléfique a pris toute la place.
Ce tourment me poursuit de son rire enjôleur ;
C’est un venin chantant, un vin qui me maltraite,
Le quelconque odieux d’une puante fleur,
Le goût trop gentillet d’un poisson sans arête.
Il trompe. Il manipule. Et ce fiel bien masqué,
Le voilà qui me tue, et me brise, et m’apprête.
Je n’oublierai jamais cet air d’esprit brusqué,
Qui blesse en souriant mes amours éconduites.
Cette folle qui joue au bal de l’embusqué,
Armé du dédain froid des vanités gratuites,
Cette dame rieuse à l’air pauvre et blessé,
Me montre d’un œil noir le trouble de ses fuites.
Je ne sais plus que voir ni qui fut oppressé…
J’étais bien amoureux de cette ombreuse femme,
Dont reste l’amertume à l’atour délaissé.
De merveille de Dieu je deviens cet infâme,
Ce cafard monstrueux qui brise son vieux cœur –
Parle, parle, menteuse ! –. Elle fait quelque trame,
Manigance un tableau dans l’ombreuse rancœur.