Femmes,
Je n’aurai bientôt plus le droit de vous le dire ou de vous l’écrire. Alors je le fais aujourd’hui. Depuis quarante ans que d’aucuns veulent tuer votre conscience, que des politiciens veulent briser les liens de la filiation, que des technocrates veulent remplacer l’homme ancien par un homme augmenté, bon nombres d’entre vous ont refusé de se taire.
En premier lieu, je pense à Birthe Lejeune, épouse du défunt praticien, et fondateur du laboratoire qui porte son nom. Mais je pense aussi à ces femmes engagées comme Nadette Codemaneci, Christine Boutin, et tant d’autres, qui, avec leurs qualités et aussi leurs défauts, ont porté le combat contre ces abominations. Je pense également à vous toutes, chrétiennes et femmes de bonne volonté, qui avez voulu briser l’omerta sur les souffrances subies par celle qui ont « fait ce choix ». Je pense à vous toutes qui avez fait le choix difficile et tragique de mettre fin à une vie. Mais je pense même à vous, femmes qui défendez l’indéfendable, au mépris même de votre fécondité et de votre maternité. Et à vous, Mme Veil, à vous aussi.
Ô Femmes, quel mal nous prend-il ? Quel injuste mépris de la vie nous pousse vers la fin ? Pourquoi laisser mourir notre pays et en diviser la conscience ?
Je pleure sur ces vies brisées, ces êtres arrachés, ces créatures qui ont subi l’ignoble, l’insidieux ! Et qu’on ne vienne pas me dire que je défends la peine capitale, que je ne suis qu’un hypocrite ! Non, je n’en suis pas. Si l’on interdit, à juste titre, de tuer un criminel, que n’interdit-on pas d’assassiner chaque année près de deux cent vingt mille innocents ?
J’en appelle à votre conscience, femmes, j’en appelle à votre volonté, votre intelligence de mère, de fille, de petite-fille ! Ne commettez pas l’irréparable !
Quant à vous, femmes politiques, femmes ministres, femmes élues à la députation, choisissez l’avenir ; ne le craignez plus, ne vous en effrayez pas ! L’injustice mourra, même si vous la votez ; alors, ne la votez point, ou dans moins de cent ans, il y aura des pleurs et des grincements de dents.
Si vous votez la loi qui condamne, excusez du peu, l’entrave au crime, au pire des crimes – le meurtre d’un innocent, que deviendrons-nous ? Que deviendra notre pays ? Il s’écroulera, tel le colosse aux pieds d’argile ! Il s’effondrera, tombera par l’épée : il mourra de moins de cent ans, car il aura trahi une fois de trop son identité, sa vocation. Cette loi va couper le fil qui tient l’épée du roi Damoclès. Elle va vous tuer les premières.
Vous refusez de voir cette réalité qui nous mène à la vie ; vous y gagnerez le chaos, le sang, la mort.
Je ne vous souhaite pas ce mal, Femmes, alors ne le choisissez pas !
Vianney Roche-Bruyn