C’était la nuit, la nuit de nos primes amours !

Dans un feu de tendresse, un élan de velours,

Je te pris dans mes bras, toi qui m’étais offerte

Par Dieu ! Sur cette bouche à mon cœur entr’ouverte,

Je mis un long baiser, un baiser apaisé ;

Et déjà nous voguions sur le flot embrasé ;

J’entrai dans ton jardin, je cueillis cette rose

Que mes vers chanteront aussi mal que la prose :

Oui, nos corps, tout heureux, voulaient plus que des mots !

Je découvris ta chair, ses joyaux, ses émaux ;

Tu m’emmenais à toi, sur le bord de ta couche ;

Sur ce lit, je m’unis à plus que cette bouche !

Et moi, je vis tes yeux s’éclairer de plaisir,

Toi, dont le cœur sentit cet élan de désir ;

Nous voguâmes enfin sur la mer inconnue,

L’océan de l’amour des chairs chaudes et nues !

Là, je pleurai de joie ; là, tu ris de bonheur ;

Et nos enfants germaient de ce moment d’honneur !

Puis, épuisés, nos corps cessaient leurs doux échanges,

Et nous louâmes Dieu à l’aide de ses anges !

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