” _Je pense que c’est mal !” déclara l’Allemande.
Un peu choqué du mot, j’avance et lui demande :
“Pourquoi ? Pourquoi ?” “Ma tante, elle vient de l’îlot
Grec dont l’homme est chassé, ce lieu sans sanglot,
Ou femme est libre et fait l’acte avec d’autres femmes !
Elle est libre, et mariée ; d’entretenir ses flammes,
De vivre ses passions, elle est libre !” Trop tard.
Par deux phrases, j’étais devenu ce cafard
Imprudemment piégé par d’infâmes lumières.
“J’y étais,” répondis-je. “Et n’en sommes pas fières !
Que jugez-vous Lesbos ? Que voulez-vous ? Pour sûr,
Avez-vous quelque horreur à l’amour de deux femmes ?”
Hélas ! Si j’avais su dire à quel point pour nos âmes
Il importait de tendre à cette perfection,
Qu’il fallait à tout prix aimer la Création !
“Vous vous embarrassez ! Vous savez, ce qui compte,
C’est l’amour !” Ô mon Dieu, détruisez toute honte,
Et donnez à l’Europe une flamme autant vraie
Qu’invincible, l’Amour, ce Bien qui tue l’ivraie !
Passion, chère Allemande, est ce qui nous détruit ;
Amour, chère Allemande, a vaincu ce qui suit :
La Haine, le Mal, la Mort. L’Amour, chère Allemande,
Est plus qu’un sentiment ! L’Amour nous redemande ;
Le sentiment nous brûle et veut être assouvi
Quand je le satisfait, il m’a eu asservi.