Vive cette Pologne impétueuse et fière !
Pays des mil clochers qui rayonne du feu,
Généreux, de Jésus, de ce Dieu qui fédère
Un peuple tout entier sur l’humble Croix… Le vœu

De cette nation n’était-il point la gloire,
Immense et pourtant étrange aux yeux humains,
De mourir de la mort que le Christ voulut boire ;
Le sang de son martyre avait couvert des mains

D’où transpiraient la haine outrageuse des Russes,
Des Prussiens huguenots l’ire à l’air de venin,
De la puissante Autriche aux terribles astuces
Qui devaient lui gagner quelque bout de terrain.

Ah ! Pologne ! Pologne ! ô Jésus sur la Terre !
On eût dit que Dieu même était un beau pays !
Vous vécûtes mil fois sa mort par la colère
De ceux qui ont jeté le noble crucifix !

Comme Karol naissait dans ce petit village
Nommé Wadowice , simple et douce cité,
Les canons s’étaient tus de l’ignoble carnage,
De cette Grande Guerre et son atrocité.

Ce jeune garçon crut dans la foi catholique,
Entouré de parents plein d’amour pour la Croix ;
Le malheur le frappa pourtant, diabolique :
Sa mère s’éteignit priant le Roi des rois,

Laissant son cher mari, ses deux fils en prière ;
Edmund, l’aîné, mourut aussi, laissant Karol,
Jeune enfant de douze ans, ainsi que leur vieux père.
Mais à ces fiers chrétiens nul démon au noir vol

Ne pourrait susurrer le fiel de cette haine
Qui crache sur le Christ et rejette sa loi.
Bientôt, d’un Reich vengeur revint l’ombreuse peine
D’une guerre qui tue et qui combat la foi ;

Jeune adulte, Karol, plein de cœur et de verve,
Servit la sainte Église et se prit d’un amour,
Incandescent, brûlant, enflammé, sans réserve,
Pour celle qui conduit son dévot chaque jour,

La pure et sainte Vierge à la main belle et douce.
Sous le voile martyr de sa simplicité,
Karol sert son pays que l’Allemand détrousse,
Dont Hitler hait si fort la catholicité !

Mais cette guerre aux Juifs, à la grande Pologne,
Signait pour bien longtemps le glas du doux pays :
Laissant ce beau pays en l’état de charogne,
Avec cendres et morts sur un sol pauvre et gris,

L’Allemagne s’enfuit devant les chars du Rouge.
La haine des nazis pour les religions,
On la connut forgée au martel, à la vouge,
Par le socialisme avec ses légions.

Karol, homme de Dieu, reçut l’appel à suivre
Celui que l’être humain méprise bien souvent :
Malgré le communiste et son commissaire ivre,
En dépit de leur loi qui soufflète le vent,

Karol devint ce prêtre à l’âme de prière,
La grandeur généreuse et dont le cœur aimant
Offrait un témoignage à la force guerrière,
Consolait l’ouvrier devant le dur tourment

D’un système idiot qui vous presse et vous vide.
Cette âme édifiante eût voulu rester loin,
Dans la discrétion, le calme… Or, intrépide,
Devant le communiste il se faisait témoin ;

Rome ne tarda pas à le nommer apôtre,
Puis, voyant son doux zèle et sa fougueuse ardeur
À constamment prier pour mieux servir cet autre,
Ce frère, ce pauvre homme ou cet esprit frondeur,

Revêtit notre saint de la pourpre romaine.
Quand Paul Six s’éteignit dans la paix du Seigneur,
Lui succéda un homme au regard doux, amène :
Il se nomma Jean-Paul, nous rappelant l’honneur,

D’un puissant évangile aux confins de la terre
Qu’on devait amener comme une loi d’amour.
Mais ce premier Jean-Paul ne fut pape que guère,
Car il mourut vaincu par le poids du labour ;

Et un conclave, encor, dans la Ville Éternelle,
Pour désigner le chef et serviteur de tous,
Le premier des pécheurs et pauvre sentinelle
De cette vieille barque au pauvre air de sans-sous.

Karol ne désirait ni pouvoir ni puissance,
Mais servir le Seigneur avec fidélité ;
Il se sentait indigne et manquant d’innocence ;
La charge qu’il savait n’avoir point mérité,

Il la reçut, tout humble, en sa ferme espérance,
Confiant dans son Sauveur plus que dans son péché.
Jean-Paul se présenta devant l’exubérance
De la foule romaine avec l’air détaché,

Et prononça ces mots qui priaient sans le dire :
« Ne craignez pas ! » Jean-Paul avait conquis les cœurs,
Mais il pensait à l’Est sous le sinistre empire
De ces cruels soviets qui se rêvaient vainqueurs

De la foi catholique et du Créateur même !
Il fallait les combattre avec la sainteté,
Leur montrer ce grand feu qui jaillit du baptême.
Mais la haine du Christ parle sans netteté,

Préférant discuter du langage d’une arme :
Un jour de mai – le treize –, comme le Pape, joyeux,
Bénissait une foule, on perçut un vacarme ;
L’on venait de tirer, la haine dans les yeux,

Sur le chef de l’Église et successeur de Pierre :
Le Pape s’effondra grièvement blessé.
La peur. Les cris. L’horreur. La mort. Le Pape à terre.
Ah ! Était-ce la fin ? Était-il trépassé ?

Mais le miracle eut lieu : il conserva la vie.
Pourtant, son corps meurtri déclinait pas à pas :
Me revient cette image et sa souffrance obvie,
Le Pape qui prêchait malade et parlant bas.

Quant au monde de l’Est, tel un fort de branchages,
Il s’écroula bientôt de son vétuste poids,
Rongé par ce cancer aux airs faussement sages
De cette liberté qui nous donne des droits.

Je me rappelle encor ce vieux pape, fidèle,
Bénir de l’hôpital la foule des Romains ;
Malgré les ans, le mal, il restait un modèle,
Un guide courageux pour les êtres humains,

Un phare dans la nuit de l’Europe apostate.
Je me souviens fort bien de la nuit de sa mort :
Ces médias français d’humeur souvent ingrate
Avaient tu leur critique et retrouvé le nord ;

On eût cru ce soir-là de la foi catholique
Que rien ne l’eût éteinte en mon pays sans foi,
Et bientôt vers le Ciel monta l’humble supplique,
Ce « santo subito ! » qui sut toucher le Roi.

Ah ! quels fruits ! quels beaux fruits pour notre humanité
Que ce pape en prière et pèlerin du monde
Sa joyeuse espérance et son air de bonté,
Qui dans le Ciel sourit de sa grâce féconde.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s