Bonjour, chers amis,

Mon troisième recueil est actuellement en préparation. Voici un de ses textes en guise de mise en bouche :

"Eucharistie III"

La Messe dont le prêtre aimait la piété
A pris l’air triste et froid d’un regard mort et terne ;
Des vieillards, des rebuts de la société,
Ni famille ni jeune au chant bien plus moderne ;

Bref, la pauvre assemblée à l’atour chevrotant,
Assiste un peu naïve au permanent miracle
Du divin Sacrifice d’un esprit tremblotant,
S’incline avec respect devant le tabernacle,

Sans qu’il parût au prêtre amoureux du beau Christ
Un signe ou un prodige invitant la jeunesse
À bien se rappeler que ce vieux manuscrit,
Ce livre tout miteux qui traîne avec paresse

Dans le tiroir grincheux de leurs humbles aînés,
Ce sublime Évangile à la voix dissonante
Est le cadeau de Dieu aux hommes enchaînés
Par l’infernal servage à l’ombre bouillonnante.

Le serviteur du Christ accomplit avec foi
Cette noble prière avec l’âme joyeuse :
Il dit d’un humble cœur les mots du divin Roi,
Consacre son offrande à la douceur soyeuse.

Surgissent dans l’église, armés et coléreux,
Deux guerriers musulmans aux cris remplis de haine ;
Ils courent à l’autel d’un pas cadavéreux
Et, d’un coup de poignard à l’ardeur inhumaine,

Frappent un premier homme en le laissant pour mort.
Le prêtre les a vu. Il est prêt au martyre.
Les deux mahométans ont la hargne du fort
Quand la Croix se présente au faible sans mot dire.

Ils empoignent un homme au cœur pauvre et grand,
Mettent un vil couteau sous sa gorge fripée,
En lui tordant le dos d’un geste dénigrant,
Le mettent à genoux. Au cœur, ils ont l’épée.

Dans leur haine du Christ qu’ils croient être trois dieux,
Ils disent qu’un blasphème épargnerait sa vie,
Mais le prêtre se tait, louant avec les Cieux,
D’un cœur discret mais vrai, l’âme toute ravie :

Le Fils avait choisi sa grande pauvreté
Pour témoigner de Lui devant ce triste monde.
Les deux mahométans, avec grossièreté,
Crient leur terrible haine envers la Croix féconde ;

Comme ils frappent à mort le courageux vieillard,
Ils entendent sans croire un mot plein de doux zèle
Qui résonne bientôt de son esprit gaillard :
« Va-t’en, Satan, va-t’en ! » Le vieil homme, fidèle,

Expire tout heureux de partager la Croix.
Le bruit du martyre aussitôt se propage :
Un certain père Hamel mort pour le roi des Rois
Est ce témoin du Christ qui vivait sans tapage.

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