Car le silence égare et la querelle honore,
Tombant dans la nuit des cris de l’univers,
D’un absurde sans fond qui pleure et vous dévore,
Ne pouvant croire aimer vous dédîtes mes vers.
Si l’amertume est là qui me prend à partie,
Je ne suis qu’un pauvre homme épuisé de souffrir ;
Je vous hais, sachez-le, de mon âme investie
De l’abjecte beauté qui ne saura périr.
Oui, ma vengeance vient, et froide, elle vous brise ;
Je détruirai ma nuit par cet abscons qui sourd
De votre vanité sans la moindre traîtrise ;
Sans avoir le mot lâche ou le style trop lourd,
Je briserai le vôtre avec mes poésies !
Fourbe insensé qui meurt déjà tout gémissant,
Je vomis le tourbe sang de sombres hérésies,
Qui prétendent donner la gloire au moins puissant.
Vous avez vos poings fiers à frapper ma figure ;
J’ai pourtant sur mon cœur des mots plus redoutés
Que les fusils, l’épée où l’autre se mesure,
Car je sais, moi, je sais que ces vers ajoutés
Au rythme de la plume ont la force haineuse
De démolir l’humain qui veut me quereller.
Et pourtant, de ma poigne à la verve houleuse
Je sens faiblir le trait qui vient se rebeller :
Les mots n’ont plus de sens dans ma tête encombrée,
Mes vers piteux, faiblards, ne valent pas mon cœur.
Je veux tout démolir de mon âme enragée
Mais je ne parviens pas à me dire vainqueur
Sur cette coterie ignoble et mortifère.
Je me dis, même mort, que mes regards rageurs
Ne vaudront pas vraiment la flûte d’un trouvère ;
Je sais que dans l’esprit les mots noirs et vengeurs
Détruisent la vertu du simple d’une phrase ;
Qu’injures et coups bas servent à moins que Dieu.
Je suis là, dans l’église, alors que de ce vase
L’huile de l’Esprit saint s’écoule sur ce lieu,
Abreuvant chaque plaie en toute pauvre histoire.
Je déchire les mots de l’injuste malheur,
Préfère contempler l’instant… J’aimerais croire,
Me dire que Jésus veut soulager mon cœur,
Que le Christ me fera cette belle justice.
Je voudrais tout comprendre et je ne comprends rien.
Ce que je sais, peut-être, et que je vois factice,
C’est la Tentation de ne pas faire bien.
L’évêque m’oint de l’huile et je pense à mon âme.
« Reçois le Saint-Esprit, le don de Dieu ! » Je crois,
Peut-être sans comprendre encore que la flamme
Vient brûler tout mon cœur pour grandir l’Un en trois !
Je prie avec ma tête et je cherche un Messie.
Voyant que le feu mort de mon plus noirs désir
Perd la sombre vigueur d’une pierre endurcie,
Je commence à prier pour ne jamais gésir ;
Le soir, je parle à Dieu de mon âme blessée.
Je n’ai pas tout compris du fort beau sacrement
Que j’ai reçu profond pour ma vie écrasée,
Je ne saurai cela qu’en aimant tendrement
Le Sauveur qui s’unit sur la Croix de ma vie
À ma faute et mes pleurs qui vont devant l’autel ;
Je ne l’ai pas compris plus que mon âme ravie
Refuse son pardon au rire d’un mortel.
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