« Fais ce que tu dois faire, et fais-le vite ! » Traître,
Judas avait trempé son morceau dans le plat,
Révélant à chacun la noirceur de son être ;
Il préférait au Christ un dangereux éclat,
Celui des ors puissants au fol aspect de flamme.
Voleur, il se servait dans le commun trésor.
Cette corruption lui rongeait toute l’âme,
Car pour trente deniers, argent pas même d’or,
Il avait promis l’Homme exécré des grands prêtres.
Tandis que dans son âme aux airs d’ange sans heur,
Il ourdissait l’instant où il verrait les reîtres,
Furieux, de Caïphe, entourer le Sauveur,
Et qu’il le livrerait d’un signe à l’apparence
Amical ; la fureur de l’horrible Démon,
Le Diable, Satan, toute cette arrogance,
Ces violents désirs avaient pris le timon
Du cœur de ce perdu qui courait à sa perte.
Vite, il était parti comme un sombre voleur,
Vite, il s’était enfui par cette porte ouverte.
Plus tard, l’Iscariote et son plan bricoleur
Rameutaient une troupe armée, une troupe
Qui détestait Jésus comme on hait son Amour.
Au Mont des Oliviers, dormait un petit groupe ;
Judas vit là Simon et d’autres alentour –
Deux frères endormis. Jésus séchait ses larmes,
Angoissé, seul, fourbu peut-être, pourtant prêt.
« Fais ce que tu dois faire, et fais-le vite ! » Aux armes !
Comme Judas le prit Dieu fut mis aux arrêts,
Quand Judas l’embrassa comme il devait le faire,
La troupe mit la main sur son humble Sauveur.
Simon voulut se battre et leur chercher la guerre,
Jésus retint le bras de son âpre ferveur.
Judas, dans son cœur noir du péché d’avarice,
Tourmenté par le Mal et son ouvrage tors,
Sentit sans le comprendre une folle malice,
Une tentation d’échapper au dehors
Du monde… Il vit bientôt son crime misérable,
Jeta l’argent gagné comme on rejette Dieu.
Il était poursuivi par l’air irrespirable
D’un orchestre damné qui l’acheva. Le lieu
Où Judas se pendit devint tombe infernale :
Encore de nos jours personne n’y bâtit.
Le Père, d’une voix d’ire phénoménale,
L’envoya en Enfer où grince le Maudit.
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