
Souvent, le mot bouscule, et parfois vous détruit.
Comme un poing sur la gueule il vient sur le visage,
Et marque la victime avec ce fer d’où luit
Le rouge ensanglanté d’une indicible rage.
Gratuits, les coups m’ont fait comme un tombeau blessé ;
Ils m’enterraient toujours un peu plus… Dans mon âme,
L’injustice subie avait cadenassé
La grâce que l’on nomme « amour » et tu sa flamme.
« Pourquoi ? » me suis-je dit, souvent, à la récré,
Quand les mots répandaient leur venin de misère.
De l’enfant qui voit cet autre massacré –
Ce gamin humilié qu’on dit plus bas que terre –
L’injustice est flagrante et le silence froid.
Pleuvent, pleuvent les mots sur celui qu’on moleste :
Le fourbe fait bientôt croire qu’il a le droit,
Car celui dont on rit pleure ce qui lui reste.