
Parfois, il peut être difficile de s’aimer, si difficile… Prenez, par exemple, le cas de cet homme qui refuse plus ou moins consciemment tous les signes d’affection que l’on a pour lui. Ce pauvre homme, ce matin, s’est retrouvé dans la rue, comme à son habitude, allant à son travail. Qui croisera-t-il sur sa route, si ce n’est ce pauvre homme qu’il a l’habitude de croiser, et qu’il saluera comme à chaque fois, avec un peu de monnaie et un croissant ? Sauf qu’aujourd’hui est un jour particulier, un jour que le hasard a décidé de nommer rencontre. Un jour que Dieu, comme chaque jour, a béni. Ce jour-là, notre clochard, pauvre, un peu bougre, borgne, a décidé de dire merci. Et notre homme ne s’y attend absolument pas. Et ce jour-là, le clochard, homme d’apparence laide, d’un âge avancé, a décidé de remettre un pull à son jeune ami. Aujourd’hui, il ne recevra rien, mais il donnera. Quand le jeune homme aborde le vieux clochard, il est décontenancé par l’offrande : un pull ! Un vieux, mais très beau pull ! Qui a un prix inestimable aux yeux de cet homme qu’il regardait de haut. Il découvre lui-même la blessure de son cœur, ce cœur qui refuse depuis trop longtemps de se laisser aimer. Il tombe des nues. Il hésite à accepter. Mais il prend ce pull.
Ce clochard s’appelle Ali. Un homme bon et sage. Et cet homme, c’était moi.
Merci du fond du cœur, Ali.