Moi, de la mort, je gage qu’elle est cet étroit chemin de la vie vers un au-delà. Je fais le risqué de ce pari, de croire en cet inconnu que l’on nomme Dieu – parfois même Vérité. Mais sais-je seulement ce vers quoi me mène la mort ? Réalisé-je vraiment qu’elle libère mon âme ? Mesuré-je combien – si ce que j’affirme est vrai – la mort est un chemin de liberté, pas un chemin angoissant ? Tant s’inquiètent, tant s’inquiètent… J’ose espérer. Même si, demain, la mort mourra – c’est ce que me dit la Science, j’ose croire que je vivrai. Mais aujourd’hui, me dit-on, fini la science de comptoir, celle de papa-maman ; car triomphe la Science, la seule Vérité qui vaille dans un monde sans dieu. La Science m’enseigne, et je dois la croire, que la mort sera vaincue par la main de l’homme. La Science, n’est-ce pas Dieu ? N’est-ce pas Dieu qui donne la vie ? La Science la donne. N’est-ce pas Dieu qui crée, qui innove ? La Science le permet. Les religions seront un jour balayées. Oui, me dit-elle, la mort disparaîtra. La mort est condamnée. Je dois le croire, c’est Google qui le dit. Google, ô grand Google, divinité scientiste de cette armée de savants fous. Les calculs des machines vaincront le cerveau humain ! La force des robots terrassera les athlètes de renom ! Oh ! que de prétention chez nos informaticiens de la Silicon Valley ! Ils se vantent et se font fort de notre disparition : d’éradiquer toute forme d’humanité en l’humanité. La mort mourra bientôt, mais cela fera-t-il notre bonheur ? Pourrons-nous vivre dans ce monde où mourir sera devenu impossible ? Vivre, vivre, nous aurons tous ce mot en tête ! Vivre, vivre ! Nous ne voudrons que cela, et nous ne le pourrons plus. Vaincre la mort sera sûrement possible, quand vivre ne le sera plus.