I
VINGT-ET-UN ANS

Vingt ans. Pour Hélie de Saint-Marc,
C’est l’âge de raison, l’âge de la vie,
Où on apprend tout.
Vingt ans. Pour d’autres, on est invincible.
Vingt ans passés, alors en Hongrie,
Je perdais mon temps, ma vie.
Mes amis hongrois ne suffisaient pas
À me détourner de Runeterra et des Invocateurs,
Des championnats et des Mondiaux.
Je ne priais, pour ainsi dire, pas vraiment.
Non, je ne priais que pour me dire,
Que c’était bon, et que j’avais prié.
La Messe dominicale n’était que prétexte à dire que j’étais pieux ;
Pour ainsi dire, je ne me suis confessé qu’une fois.
Pourtant, ils parlaient français, les prêtres,
Ils parlaient français, et je ne me confessais pas.
Je retournai à Angers, alors âgé de vingt-deux ans,
Sans aimer le monde – mais je n’en aimais pas plus Dieu –
Et sans être aimé.
Je lisais plus la vie de Sören Bjerg que l’Évangile,
Les articles de jeux vidéo que la Sainte Bible.
J’étais triste à l’Université, je désespérais de n’avoir pas vraiment d’amis.
Mais je ne cherchais pas trop à m’en faire,
Peut-être à l’aumônerie.
Les prêtres étaient bons et gentils,
Mais je ne me confessais pas.
Peut-être une ou deux fois.
L’été approchait à grands pas, et je m’ennuyais ;
On me proposa alors d’aller quelques semaines à Paray-le-Monial,
Et je dis oui, mystérieusement.
Tout comme je dis oui à cet ami, Loránd,
Qui me proposait d’aller à Taizé.
Alors que j’étais presque sans le sou,
J’y allais.
Alors que je n’aimais pas Dieu,
Je me décidais.
Enfin.

II
MÉLANCOLIE

Comme un chant qui s’élève au fond de la plaine,
Un chant noir et pauvre, un chant triste et mélancolique,
J’entends comme un chant.
C’est un chant désespéré, un chant qui rappelle
La mort, un chant qui appelle les hommes
À mourir.
Ce chant, c’est cette voix qui me tire, qui m’aveugle,
Qui me prend et me maudit.
Ce chant, c’est comme un peu de tristesse ;
Il envoûte sans joie.
Un bal noir me tiraille vers les noirceurs de mon être,
La danse des démons qui m’invitent
À m’enfuir de ma propre vie.
Je ne sais pas si je prie.
Ce que je sais, c’est que j’ai peur,
J’ai peur de la Mort, peur de mourir.

III
PARAY-LE-MONIAL

Arrivé à Paray-le-Monial,
Alors que les Mondiaux arrivaient à grands pas,
Que les championnats régionaux étaient sur le point de s’achever,
Que Runeterra et les Invocateurs s’apprêtaient à célébrer
La kermesse des jeux vidéo,
Je découvrais la louange.
Emmanuel, Dieu est avec nous.
Je me souviens de ces moments.
Premier chant en langues, je suis jaloux,
Je ne sais pas quoi chanter.
Au bout de quelques jours, alors que les gens expriment des charismes,
Des merveilles s’accomplissent dans mon cœur.
Une prière des frères me conduit à une effusion de l’Esprit Saint.
Je découvre la louange.
Je me mets à louer, à lire des paroles,
À chanter en langues,
Je suis émerveillé par les œuvres du Seigneur,
Mais je ne L’aime toujours pas.
Alors que, de plus en plus, au cours de l’année suivante,
Je Le loue, je ne L’aime toujours pas.
Je ne Lui dis pas, Seigneur, je T’aime,
Et il souffre.
Vingt-trois ans dans deux semaines, je n’ai jamais dit à Dieu que je l’aimais.
Nouvelle prière des frères.
« Mon enfant, Je souffre que tu ne m’aimes pas ;
Dis-moi que tu M’aimes ! »
Je me décide, alors,
À dire au Seigneur combien je l’aime.
Je prie avec mon cœur.
Je repars à Paray-le-Monial pour deux jours.
Que de grâces, que de joies !
Je reçois même de nouveau l’Esprit Saint.
Mais bientôt, alors que s’affirme un charisme que j’aime beaucoup –
Les paroles en langues –
Un don de l’Esprit Saint, un de plus,
Je me rends à une louange
D’une autre communauté.

IV
AMOUR

Je ne doute plus de Toi, Seigneur.
Que veux-Tu de moi ?
Que veux-Tu pour moi ?
Quel plan, quel désir mets-tu dans mon cœur ?

V
LA JOIE À ANGERS

Je reçois – encore – l’Esprit Saint,
Et je chante de tout mon cœur.
Le Christ est ressuscité, Il est vraiment là au milieu de nous,
Lui qui nous aime !
Et, moi qui L’aime,
Je suis heureux.
Le Seigneur invite les sept personnes présentes à la louange,
Dont moi, à former un groupe de feu.
Un groupe de fous.
Mais bientôt, le doute m’envahit.
Il faut que je tranche, que je choisisse.
Un pincement au cœur.
Au cours d’un été où je travaille,
Je décide de rejoindre le petit groupe qui s’est formé quelques mois plus tôt.
J’en faisais partie, mais là, je le rejoins,
Je l’adopte dans mon cœur.
Et je décide d’abandonner Runeterra, les Invocateurs.
Ce sera un long combat, je le sais.
Mais je crois que je suis en train de le gagner.

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