MONSIEUR, hélas ! je fus bien naïf, trop crédule !
Peu vous chaut le pays tant que l’on vous adule !
Assez ! Des beaux discours, des paroles, assez !
Il est urgent d’agir en ces temps menacés !
Plus de vide propos, plus de vaine pensée,
Plus de poudre magique élégamment lancée
Aux yeux des électeurs ! Oui, nos concitoyens
Veulent des décisions, des lois et des moyens !
De mes yeux impuissants je vois ma pauvre France,
Fière jadis, mourir de l’odieuse ignorance
De ses hommes d’État ! Le peuple est fatigué,
Fatigué de ce cirque où l’on est distingué,
Non pas pour ses vertus ou bien pour son courage,
Mais pour un compromis alliant chien et rage ;
Non pas pour sa stature ou bien sa volonté,
Mais la jolie jument que l’on a bien monté ;
Non pas pour sa vigueur ou même son mérite,
Mais plutôt sa carrière et ce dont l’on hérite !
La France se désespère, et quand ce mal s’étend
Dans la pensée publique où vous vous plaisez tant,
Elle meurt un peu plus ! Oui, je vois ma contrée
Qui s’afflige un peu plus d’une vie mal montrée,
Du poupon de MADAME, ou bien de sots écrits,
Ou encor d’une armée de félins malappris
Décorant Notre-Dame avec leurs eaux putrides !
Admettrez-vous enfin que vos vœux aux cent rides
Sont autant de serments que vous aimez trahir ?
Pourquoi aimer un jour et le suivant haïr ?
Et de quel droit dimanche est-il mort ? Vos mensonges
Débités avec force avaient les airs des songes,
Mais ces rêves vendus sont des rêves de mort :
Ils n’ont rien pu offrir ; même le réconfort
Qu’ils suggéraient s’est mu en une longue plainte,
Plainte d’un peuple las de votre pitié feinte !
Si vous savez comment rendre le pays fier,
Faites-le ; car sinon, c’est par le sombre fer
Que tout s’achèvera ! Craignez ces heures sombres
Où vos rêves mourront dans la danse des ombres.