Vous étiez ce jeune homme au cœur plein de bonté,
À l’âme emplie d’amour, de bonne volonté !
Seriez-vous devenu cet homme des tribunes,
Dont un canard cancane à l’envi dans ses unes ?
Je n’oserais le croire !
Vous étiez ces regards qu’on voyait attendris
Quand je fuyais la main de l’homme de Paris !
Seriez-vous désormais cette tête masquée
De cette rhétorique à la force brusquée ?
Je n’oserais le croire !
Vous étiez l’éclaireur en qui l’on vit grandir
Cette heureuse ambition de préférer servir !
Seriez-vous aujourd’hui l’âme calculatrice
Parlant mieux de projets que d’envie salvatrice ?
Je n’oserais le croire !
Vous étiez, je l’oublie, ce chrétien droit, constant,
Élevé dans la foi d’un Dieu jamais distant,
Seriez-vous maintenant cette foi batracienne,
Vivotant dans sa messe en coassant l’antienne ?
Je n’oserais le croire !