D’un peuple qui jadis espérait le Sauveur,
Regardez le cœur fier rejeter sa victoire,
Lui qui priait naguère avec grande ferveur,
Voilà qu’il se fait fort de refuser sa gloire.
Sur cette croix, souffrant, Dieu voit le peuple élu
Se rebeller bientôt contre Rome la grande,
Perdre Jérusalem pour un hurluberlu
Et se terrer de peur à rêver qu’on lui rende
Israël… Autrefois serviteurs généreux
Du Dieu bon et jaloux qu’ils priaient avec crainte,
Ils ont comme oublié ce qu’il fit envers eux ;
Il semble parfois même avec la ville sainte
Qu’il s’agit d’un symbole à l’attrait sublimé,
Par quelque politique à la piété frivole.
Quoi ! Jérusalem est, comme un peuple opprimé,
Ce saint des saints qui prend l’air noir d’une âme folle ;
La cité de David abrite les conflits,
La haine virulente écumant de ses armes,
Le cœur de Dieu blessé par meurtres et délits,
Souillé par les ardeurs d’Américains sans charmes.
Autrefois élu roi par l’Éternel divin,
Le voilà parodié par les guerres humaines,
Israël, sombre État gouverné par le vin
Du fourbe et belliqueux captateur de domaines ;
Israël, poupée aux mains d’un pays du Progrès,
Puissance de l’Argent et gendarme du monde –
L’Amérique imbécile à l’inique Congrès – ;
Israël, cœur de Dieu profané par l’immonde.
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