
Poignante découverte à la froide stupeur,
Splendide inachevé d’une calme torpeur ;
Je ne sais que penser de cette nuit sublime –
Où court ma plume folle au rythme de ma peur –
Ni ne croit révéler le moindre de ma rime ;
Gorgée de mots, mon cœur se penche, ô dur labeur !
Le poète se dit, se débat, puis s’exprime !
Acharné, sur la feuille un être rassuré,
Qui prie les coups mortels d’un esprit torturé !
Il est point d’existence à la douce folie
Hors celle des fourbus, des brisés… Assuré
Que le cœur le protège au milieu de la lie,
D’une vie absolue au prudent mesuré,
Car rien n’est plus frappant que la mort qui le lie !
Il est dans la rimaille en triste parvenu,
Que l’écrivaillon dit dans un trouble charnu,
Surfait de la douceur, fausseté du silence !
Le poète, l’écrivain, sentent que, retenu,
Le stylo viens donner cette ignoble prestance,
Tandis que libre, il touche au souffle, au soutenu.
Ô poète ! écrit donc, comble ton beau dessin
De sonner le bourdon d’un généreux essaim !
Invente une matière à ton âme brisée,
Sens le rythme du temps battre au secret du sein,
Car ta blessure sombre est comme tamisée
D’une lumière noire à l’éclairant dessin,
Un silence amoureux à la joie irisée.