
Poème ayant obtenu une Rose d’honneur de la société des Rosati d’Arras
Je dédie un poème au fauve nonchalant,
À sa fine parure et sa course hâtive,
Dont seule la beauté semble être le talent.
Petit, son apparence est si laide et chétive,
Que l’animal, fier, dédaigne ouvrir les yeux,
Paraissant rejeter sa nature fautive !
Si d’aventure il sent que quelque enfant joyeux
L’éloigne innocemment de la tendre mamelle,
Son appel au secours fait fuir le curieux.
Quand il sommeille enfin, prépare la gamelle,
Car sa mère fourbue a très bon appétit,
Et garde-toi surtout qu’un animal s’en mêle.
Quand la croissance vient de ce fauve bandit,
Le voilà désormais qui part à l’aventure,
Et chasse quelquefois quelque rongeur maudit,
Dont il vous fait l’offrande innocente, humble et pure…
Sauf si c’est le lapin tout récemment acquis,
Qu’il dévore tout cru, sans honte, et sans bavure.
Vous regrettez, souvent, les jours bien plus exquis,
Où ce monsieur grincheux qui vous frôle les pattes
N’était entré chez vous que sous l’air de croquis,
Saltimbanque au salon sous ses airs acrobates !