
Le cœur amer je chante une sombre folie,
Comme un silence mort d’où bruit le malheur ;
Autour de moi, troublante angoisse, une chaleur,
Telle la vanité que l’orgueil me spolie.
Dans ce quotidien de sombre glacial
Je demeure fourbu de haine et de colère,
Rien ne me soulage et nul ne me tolère,
Même, alors que j’eus tout de l’homme jovial.
Je ne puis voir un trait de la céleste armée
Sans pousser quelque cri d’infernale douleur,
Je suis terrorisé par cette humble couleur
Dont se revêt le pur à l’âme transformée.
Eussé-je seulement, de changer, le désir
(Par frivole habitude en aurais-je eu la grâce ?),
Je ne puis désormais, même, en garder la trace ;
Regrettable bonheur que je n’ai su saisir !