Mon cœur est las de tout, de ces moments passés,
De ces temps d’infortune et de l’humble journée ;
À tant de solitude est-elle condamnée,
Cette âme qui paraît des remparts fracassés !?
Le désespoir me prend de son coutelas morne,
Le noir de la colère et de la folle aigreur
Aiguisent avec haine un rien de mon malheur ;
Au sombre du vengeur mon cœur pierreux se borne !
Je vous en veux, vous tous ; à vous toutes, j’en veux !
La colère est en moi une potion mortelle :
Entre elle et mon Sauveur le Malin m’écartèle ;
Je suis tout en lambeaux de tous ces désaveux !
Seigneur, qu’as-Tu promis ? Seigneur, tiens Ta promesse !
Je demande et n’ai rien, je frappe, on n’ouvre pas !
Je suis sur le chemin de ce sombre trépas,
Et je ne vis qu’échecs ; je suis dans la détresse !
Que ne réponds-tu rien ? Je crie à toi, Seigneur !
Jésus ! combien de fois me fuira-t-elle encore,
La promesse de vie ? Un dur feu me dévore ;
Vient donc placer le Tien pour brûler ma rancœur !
Combien de fois, Jésus, la gente féminine
Devra-t-elle fouetter mon âme de ce « non » ?
Combien de Croix, mon Dieu, la grandeur de Ton Nom
Me fera-t-elle prendre et porter ? Je me mine,
Je me morfonds, bien seul, devant les mariés,
Les fiançailles, les « oui » que l’on échange heureux !
Je n’en peux mais, vraiment, Jésus : c’est douloureux,
Seigneur ! Réponds-moi donc ! Les tendres amitiés,
Les sœurs en Christ, Jésus, c’est joli, c’est sublime…
Tu souviens-Tu, Seigneur, de mon esprit blessé,
De mon cœur déchiré, de mon cri de froissé !?
Je veux plus qu’une sœur, que ce non qui m’abîme,
Je veux cette épousée, un cœur qui me ravit
Parce qu’il resplendit dans sa beauté joyeuse,
Qu’il témoigne de Toi, de Ta tendresse heureuse !
Tu la veux pour mon cœur qui bat toujours, qui vit !
Réponds à cet appel pressant de ma blessure !
Viens désormais guérir mon cœur giflé, meurtri !
Baume de Galilée, entends mon triste cri !
Entends que ma douleur m’est comme une souillure !
Je me sens désarmé par un doux vent de paix.
Je suis comme apaisé, mais ma colère reste,
Cette révolte pue une assassine peste :
Je T’en veux, mon Seigneur ; oui, ce mal est épais !
Viens donc le démolir de Ta flamme de vie !
Mets à terre les murs de ce Jéricho mort !
Je suis comme affligé du triste de mon sort,
Mais Tu viens me guérir de ma mauvaise envie !
Je suis heureux, Seigneur, de Ton amour pour moi !
Dans ma conscience libre un appel à servir ;
Mon passé se referme et mon cœur vient s’ouvrir ;
J’en oublierai bientôt le triste de l’émoi !