Dans le feu froid de ta vie misérable,
Comme un caillou au fond d’un brun cartable,
Tu veux mener Dieu au gré de tes pas.
À l’horizon c’est l’infernal trépas
Auquel tu cours, Dieu planqué dans ta poche,
Et cependant, dans un sombre reproche,
Tu agonis d’injures un passant,
Qui porte un tronc tout en te bénissant !
« _Sombre calvaire ! » as-tu pensé en larmes,
Pleurant la vie. Sans déposer les armes.
La douce pente attire ton regard,
Tu la descends et tu deviens hagard.
Ton noir esprit est tendu, en colère.
Allons, allons, n’as-tu point fait la guerre ?
Au loin, les cris sont oppressants et froids.
Te retournant, tu distingues trois croix.
Tu crois tomber. Un souffle, un vent terrible
Crève l’abcès de ton cœur irascible,
Et maintenant tu fuis les vieux remparts
De cette ville emplie de vils cafards.
Tu cours vers là, vers ces croix de la haine,
Où quelqu’un meurt pour vaincre la Géhenne.
Où quelqu’un t’aime et souffre la Passion
Pour te sauver de la damnation.