Ô païens, ô chrétiens, qu’on se cache et qu’on prie !
Car le voilà qui vient, l’Ogre de la Hongrie !
Ô païens, ô chrétiens, voilà l’impie, le Mal
Qui vient de l’Est, l’engeance abjecte, l’Animal !
Il vient. Il vient, celui qui de Rome est la ruine,
Du pays qui ne sait ni la pluie, ni la bruine ;
Il vient des déserts froids et venteux de l’Orient !
Il vient pour cet empire au terrain luxuriant,
Il vient, il vient si vite, il vient pour tout détruire !
Peuple de Rome, gardez votre âme de son ire !
Priez, ô citoyens, implorez le doux Ciel,
Priez, car c’est Dieu seul qui brûlera ce fiel !
Brûlez en vous le feu de l’ombre Mécréance,
Ou ne vous étonnez pas de votre déchéance !
Romains, voyez Lutèce ; avec elle, invoquez
Le Sauveur ! Car demain, Celui que vous moquez,
Tel Alaric le Goth, laissera la violence
S’emparer de vos biens et tuer de sa lance.