Voyez la feuille verte agitée par le vent !
L’Araignée s’y cramponne et combat l’élément
Qui ballotte sa soie comme par moquerie.
Le souffle éolien redouble de furie ;
Ah ! terrible Ouragan, n’es-tu jamais lassé ?
Affaibli, amoindri, épuisé, harassé,
Tiens bon, fier prédateur, car bientôt la lumière
D’un pinceau enflammé peindra ta toile entière.
La glu douce et mortelle enduit ton filament,
La glu constellée d’eau semblable au firmament
Se pare de diaprées pour appâter sa proie.
La Mouche justement s’en éblouit de joie.
Le butin découvert, l’estomac a sonné :
Elle vole en musique à l’or empoisonné ;
Il l’occupera bien pour toute la journée.
A son ardente faim la gourmande est tournée,
Mais, soudain, la voilà étourdie par un choc,
À demander au vide : « _ Eh bien, es-tu un roc ? »
Puis essaie de s’enfuir à cinq ou six reprises,
Mais se débat en vain dans ses ailes emprises.
Une ombre du soleil recouvre les rayons :
C’est l’Araignée ; la Mort plante ses aiguillons.