Il est un art, un seul, propre à l’humanité,
Comme un air de musique en sa voix qui disserte :
C’est un œuvre discret dont il a hérité,
Un trésor cependant au doux aspect de serte,

Qu’au-delà de l’Antique on connaissait déjà,
Un chant qui lui revient en notre espèce sage ;
Avant qu’il écrivît les airs dont l’assiégea
Le flux de ses pensers lui venait le visage,

Familier, d’une muse et de ses airs puissants
Qui sont puisés plus loin que sa grande mémoire.
Chez tous les animaux les arts sont ravissants ;
Quand bien même, souvent, la médisance noire

Nous pousse à maltraiter ces bêtes et bestiaux,
Il faut bien reconnaître en l’animal l’artiste
Que nous rêvons tous d’être en humains partiaux ;
Voyez en cette vie à l’amour élitiste,

Voyez en elle un peu de ce qui manque tant
À l’ère industrielle et ses atours conformes :
Ces humbles animaux voient en l’art un assistant,
Qui leur fait refuser nos atours chloroformes !

L’art est force de vie, est œuvre de santé,
Pour la Bête et pour l’Homme il est indispensable :
Il conduit aux amours en son tour enchanté.
Regardez le poisson s’agiter dans le sable,

Au fond de cette eau claire il danse sans finir,
Séduit par ce spectacle une douce femelle ;
Voyez ce perroquet imiter sans ternir
Ces sons qu’il reproduit devant sa demoiselle ;

Observez cette chienne humer la douce odeur
Qu’un mâle aventureux lui laisse sous la truffe.
Or, dans ce monde avare il semble qu’un menteur
Veut dissimuler l’art comme le sein Tartufe :

Cet escroc, c’est l’argent que l’homme aime amasser !
Nous ne connaissons plus la valeur de nos âmes :
L’homme sait pervertir autant qu’il peut danser,
Car le fric qui rend fou le mène dans les flammes

D’un concert orgiaque et le perd pour jamais.
Pourtant, il est un art au prix inestimable,
Trésor de l’être humain qui le mène aux sommets,
Au-delà de ses mots d’air souvent raisonnable ;

Il s’agit de la lyre et de son musicien,
Une lyre si noble et pourtant si fragile,
À l’auteur génial et pourtant qui n’est rien.
Ses mots si généreux de son âme d’argile,

Épandent en nos cœurs un air inimité ;
L’Homme le reconnaît, seul parmi tant de Bêtes,
Car seul il a compris de ce chant limité
Le sens simple et profond qui se grave en nos têtes !

L’Animal est artiste et l’Homme un écrivain ;
Mieux : l’Homme comprend tout de l’œuvre animalière,
La Bête n’entend pas de ce poème vain,
Ni le propre du sens ni l’âme singulière.

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