Quand l’élection vient d’un grand homme d’État
La plèbe se prévaut d’en être la maîtresse,
Et, croyant contrôler ce vote sans éclat,
Dépose un bulletin que lui choisit la presse.
Une femme vaut bien car elle inspire autant,
Clame ce député que le commun admire ;
Le jeune est l’avenir d’un homme compétent,
Explique le vieillard qu’elle vient réélire.
Les micros sont branchés comme le sont les grands :
Avec un faux air jeune ils vendent leur courage,
Leur conviction creuse et leurs airs implorants.
Leurs vaniteux discours sont un semblant d’orage,
Une grêle de mots qui s’abat sans cesser,
Frappant le néant plat d’oreilles attentives.
C’est l’aplomb du larron que l’on vient de pincer
Qui s’affiche à l’écran des caméras hâtives,
L’apparat politique impunément moqué
Que les dents du requin qui sourient à la masse ;
Le sot de leur théâtre est souvent remarqué,
Qui pourtant leur suffit près de la populace.
Leur ego n’a de pair que leur prétention,
Cette impudence-là qui leur paraît normale :
Le concours peut placer dans l’opposition
Tel homme de pouvoir et sa feinte morale,
Le donner pour vaincu par un mauvais scrutin ;
C’est alors qu’il renaît plus vertueux encore,
Et vous promet bonheur, grandeur, nouveau matin ;
Puis passe un autre jour où l’honneur le décore
D’un titre bien plus grand que le siège perdu.
C’est dès lors que notre homme applique son programme,
Que le peuple comprend que du rêve vendu
Ne restait que le vent de son élégant brame.