Pour R., jeune drogué
Un poison te détruit et tu l’aimes, pourtant,
Toi que je vois, hagard, te pourrir l’existence
Avec un peu de drogue et beaucoup d’inconstance ;
Avec ce cannabis tu te crois important.
Tu fumes ce venin comme un réconfortant :
De lui tu crois en vain qu’il te porte assistance,
Que face au désespoir il donne la prestance,
Lui qui tue. Et ta vie va toujours s’écourtant.
Sache-le : tu crois bien que cet opium te grise,
Mais ce poison te ment. Qui le vend te méprise,
Lui qui gagne son pain sur ton propre malheur !
Pauvre ami, dont je sens l’indicible détresse
Se terrer dans l’oubli d’un rêve sans couleur,
Pauvre ami ! Fuiras-tu ce démon qui t’oppresse ?