La Lune souriait dans l’Infini glacé.

Sa vengeance venait. L’astre de nuit agacé

Si longtemps par la vie qu’elle avait jalousée

La voyait disparaître enfin dans la nuée.

Maintenant, qu’avait-elle à craindre ?

Non, plus de séquoia essayant de l’atteindre,

Plus un seul animal sautant pour la toucher,

Et plus aucun humain tentant de se cacher

Derrière un télescope, à vouloir l’espionner.

Le clair de Lune empoisonné

Assombrissait déjà cette inique fumée

Qui empêchait le jour de pouvoir allumer

Ses feux universels. La Lune jouissait

De ce temps merveilleux, car la Nuit punissait

L’impétueuse humanité.

Plus un homme à vanter sa grande nullité

Par ces chants s’élevant jusqu’aux cieux la défier ;

Les fous ! il leur aurait fallu se méfier !

Oh ! dans leurs trous, cachés de l’Univers par l’ombre,

Ils maudiraient tous l’astre sombre,

Mais sans jamais pouvoir monter le contrarier.

Ils se réunissaient quelquefois pour prier ;

La Lune se plaignait d’actes fort superflus ;

Elle-même cherchait où étaient les intrus

Qui osaient prier sous ses yeux.

Pourchassés, les humains fuyaient, mais pas un vieux,

Pas un petit enfant n’était en liberté.

Prisonniers des barreaux mis par l’obscurité,

Ils ne rêvaient jamais que de manger ou boire.

Pour eux, la Nuit était bien noire,

Tout resterait donc noir. La Lune vigilante

Devenue mirador était la plus militante :

Nul homme n’avait pu jamais s’échapper.

Un par un, ils étaient découverts, attrapés,

Emprisonnés. (Sort trop bénin !)

Mais la Terre luttait, tentant de chasser le venin

Que répandait la Nuit par sa sombre lueur.

Le Soleil combattait encore l’astre tueur.

Il aidait, soutenait, ou mieux, réconfortait,

Sa Terre qu’on lui jalousait.

Il donnait à la Lune un pouvoir gigantesque,

Mais elle l’altérait et le rendait dantesque,

Ses lueurs devenaient un poison pernicieux,

(Pour le Soleil, c’était bien pire qu’audacieux)

Pourtant Hélios tentait le diable.

Il avait fait hier un contrat à l’amiable,

Du moins le croyait-il. Pourquoi donc Artémis

Avait-elle voulu qu’un grand poison s’immisce ?

La Lune aidant la Nuit, personne ne l’eût crut,

Sauf l’astre qui avait vaincu.

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