« _Reine note, et grandeur ! » disait le Soprano
Et le Ténor, debouts devant le Roi contre-Ut,
(Ils étaient en ces lieux, mais assis sous le Do :
La Basse, fière, grave, et prête pour la lutte ;
L’Alto trop abaissé, et pourtant fort utile,
Discrets en assistants) et la Voix qui rutile,
Les Voix plutôt, vantant fièrement un exploit :
« _Ce matin, au lever, je chantai ; on se ploie,
Dit notre Soprano, et ma Voix mélodieuse
A des lieues fut connue. _Taisez-vous, malheureuse !
Dit le Ténor, hautain, je suis plus fort, pleureuse,
J’illumine en effet votre Voix trop peureuse. »
La Basse s’exclama : « _Fi de cette Lumière !
J’ai une sombre Voix, mais elle est plus guerrière,
Plus noble, plus cosaque et nul ne l’oubliera !
_La Musique me dit persona non grata,
Bassesse des Hauteurs, » dit l’amie Contralto,
« Mais j’existe et ma voix est maîtresse des flots.
_N’oubliez votre Rôle ! Oubliez vos critiques !
Finit le Roi contre-Ut, elles sont fanatiques ;
Mélodie, grave Voix, Lumière, grave Ton.
_Et nous alors ? _Voyons, Mezzo et Baryton !
Vous avez presque tout, ne vous plaignez donc point ;
Je vous suis étranger, sacrifiez donc ce point. »
Bien humaines ces Voix, malgré la discordance,
Elles sont mal accordées, rêvant trop de l’enfance.