« Par l’enclume des vers j’ai forgé chaque rime‚ / Peaufiné de brefs coups les sentiments du cœur ; / Surgissent sous l’acier un calame moqueur‚ / Son impudent refrain de querelle et d’escrime. »
Ambitieuse rêverie
Les ombres ont bruit d’un terrible silence, L’éclat d’une pâleur sans le soudain des noms A fini par clamer ce que nous assénons : Devant l’art du beau vers un maigre esprit s’élance. Vous armez de la lyre à la folle excellence Ce nigaud méconnu que d’un trait nous crénons ; Ces palais qu’il possède et qu’il…
Conseils avisés
Les rêves obsédants de l’esprit chagriné Par l’échec qu’il redoute avec l’âme en furie, Voilà quels sont les maux d’un homme enfariné Ou d’un ambitieux qui pleure à l’incurie, Lorsqu’on ne dit rien d’un présumé talent. Le fourbe cauchemar de cet orgueil superbe Répète son refrain d’un air ambivalent, Entre tristesse vraie et songerie acerbe.…
Méditations rêveuses
Je médite cela – que le poète trouble L’alentour de nos yeux d’un rêve bien écrit. (Je crois que le réel n’a rien de l’être double Aux confins du sommeil qui de l’homme se rit ; Ce soudain fulgurant du sens qui se réveille Tandis que nous dormons, nous reposons l’esprit.) À l’âme poétique aiguisons notre oreille !…
Donneur de rêves
Je me laisse tirer par le bras de mon rêve, Court après les lauriers les lorgnant de mon art ; Avec mes vers je crois suspendre le regard À l’âme de ces mots qui me prennent sans trêve ! Je me laisse inspirer par le vain du silence, Le quelconque des sons qui vont à nos esprits ;…
Inspiration
Tout ceci n’est que rêve, inepte et tromperie : Dans la nuit du sommeil qui charme mon regard, Je contemple un sublime avec l’âme fleurie Comme m’entoure un air de silence ringard. Il arrive parfois que je laisse conduire Le rêve qui m’entoure et la nuit qui me prend, Comme un magicien qu’on entendrait bruire Alors…
Sceau conjugal
Subtil amour qui prend les bras de son amante, Doux soupirs de l’étreinte en ce soir étonné, Heureux de voir les ris d’un couple abandonné À l’ivresse des sens et leur beauté charmante. Prenant la douce main de son tendre amoureux, Cette femme couvrit son nu de ses caresses, L’entraîna lentement dans les folles…
Magyarország
Quand vous pourrez, très cher, armé d’un baluchon, L’emmener au pays du grand roi saint Étienne, Montrez donc la Hongrie à mon peuple ronchon, Ce peuple étrange et noble à la langue ougrienne ! Sur les bords du Danube où cette impératrice Prit pour second époux le pays des magyars, Il faut, déclarez-vous, que chacun…
Les cerfs
Ce paysage heureux de la longue bramée, Le voilà qui s’endort et s’éteint, par pudeur, Dans un silence heureux qui rappelle l’ardeur Du mâle et de sa douce à l’offrande clamée. Comme la danse s’achève et l’heure est entamée, Souplement, la femelle apprête sa candeur ; Vigoureux, le voilà qui transmet sa grandeur, Par le…
Amoureuse complicité
Rire avec le doux silence à l’ombre des palmiers, Échanger deux regards sans plus le moindre doute, Toucher la douce main de son cœur qui m’écoute, Voir dans les jolis yeux de ses désirs premiers, Lire en un instant doux les traits de son visage, Goûter sa tendre bouche et sa douce bonté, Sentir…
Reconversion
Je n’entends plus la nuit parler du jour qui va. J’ai comme démoli le feu noir de ma haine, Brisé le déshonneur d’un air qui raviva Cet immoral brasier du fond de la géhenne. Je crois le bruyant pur de cet ignoble auteur, Mon souffle exhale une ombre à l’haleine fétide ; Mon âme me…
Ecrire
J’écris à m’inspirer ce souffle intérieur,Ce cri de l’encre noire et d’une plume vaine ;Je laisse fuir un mot sur mon cahier rieur,Pour les yeux qui verront tout le pur de ma peine. Là-haut, dans l’horizon du tranquille lointain,Je parle et sanctifie un peu de l’existence,Les vers sortent du cœur en ce tendre matin.Le juge littéraire admire…
Harmonie(s)
Dans le silence heureux de la tendre nature, La main du temps recueille un parfum velouté, Tandis que j’aperçois le généreux flouté D’un regard délicat devant cette peinture. Impression de temps d’un silence parfait, Tableau mélodieux que contemple un artiste ; Quelque part, je reçois cette touche élitiste Qui surgit dans l’hiver d’un douloureux effet.…
Égarement
Plongé dans cet amer l’âme se laisse prendre Juste un peu de sa chair et beaucoup de son cœur, Elle oublie un avant, après vient la rancœur ; Qu’elle songe à sa vie elle voudrait la pendre ! Quand je vais dans ma nuit quêter l’ombreux effroi, Mon cœur est pris des vieilles ignorances, Je réfléchis,…
Gloutonnerie
Dans l’auguste silence un jour encanaillé, Un esprit revenu de sa folle misère ; Sur le papier de l’encre un air dépenaillé, Le poids d’un sentiment qui clame le rosaire De l’homme impénitent priant son Adversaire ; L’homme sans volonté se laissera punir. Je ne sais que penser de ce jour formidable Où l’ombre a retenu…
Dix heures vingt-deux
Sous les huées on mène le Roi vers sa mort vers cet échafaud Louis ne comprend pas Louis accepte il sait ce châtiment injuste et accepte ce sort saintement il monte dignement ces quelques marches sous les hurlements de la foule haineuse implorant Dieu aux bourreaux Louis demande pardon implorant Dieu qu’il ne permette pas…
Être poète
Je ne sais que décrire alors j’écris ces mots, Sans raison, c’est possible, et pourtant je soulage Mon cœur trop plein de verve avec un grand courage : Au-delà de mes vers je vois mes airs jeunots, Je sens cette douleur de mon âme brisée Par le rire d’autrui dans cette cour, hier. Oui, peut-être ai-je…
Foyer
Qui sent cette flamme apaisante ? Elle crépite du petit bois – L’élan d’un doux foyer m’enchante, Étreinte du feu des émois ! Elle crépite du petit bois, De cette bûche consumée – Étreinte du feu des émois, Dans cette offrande désarmée. De cette bûche consumée Le feu puissant chauffe les lieux – Dans cette offrande désarmée,…
Incompris des mots
Protégé par Cléo Poignante découverte à la froide stupeur, Splendide inachevé d'une calme torpeur ; Je ne sais que penser de cette nuit sublime – Où court ma plume folle au rythme de ma peur – Ni ne croit révéler le moindre de ma rime ; Gorgée de mots, mon cœur se penche, ô dur…
Don total
Protégé par Cléo Je ressens sur mon être un souffle des sommets, La douceur d’une étreinte en ses bras de tendresse ; Elle qui m’a compris, tranquille, me caresse, Ô corps heureux, comblé déjà, don désormais ! J’offre à la noble peau devant moi révélée Le cadeau généreux d’un amour imparfait ; Pour elle, je ne vis ni…